TALENT IN SIGHT avait publié en mars dernier un article sur le CV anonyme et la campagne de test qu’allait mener le gouvernement auprès de 50 entreprises de plus de 1000 salariés,
à compter d’avril 2016 et pour 3 mois, afin d’identifier les pratiques discriminatoires que peuvent subir à l’embauche les personnes ayant un nom à consonance arabe (http://talent-in-sight.fr/actualites/91-cv-anonyme-l-heure-du-test). Ce test a été révélateur de nombreuses discriminations. Une campagne d’affichage a donc été lancée par le gouvernement pour sensibiliser contre ces discriminations.
En parallèle de cela, pour la première fois en France, un organisme rattaché à Matignon – France Stratégie – s’est penché, au-delà des problèmes sociaux que peuvent créer les discriminations, à évaluer le coût que représentent les discriminations sur le marché de l’emploi.
Selon différents scénarii, de 80 à 310 milliards d'euros d’économie seraient réalisables si la discrimination disparaissait ; 150 milliards d’euros d’économies (6,9% du PIB, 7% de la dette française), dans un scénario privilégié calculant l’impact qu’aurait l'augmentation du taux d'emploi et de l'accès aux postes qualifiés des populations discriminées. Ces chiffres donnent le vertige !
Il est à noter que les femmes sont les premières victimes des discriminations dans l’emploi lié au fait qu’elles représentent 50% de la population. Nous sommes au 21ème siècle, et pourtant trop peu de femmes accèdent à des postes à responsabilités. L’écart de salaire injustifié homme-femme est de l’ordre de 12% en défaveur des femmes.
Dans tous les scénarii envisagés ce sont les femmes qui contribueraient le plus à la hausse du PIB.
Les secondes principales victimes de ces discriminations sont les descendants d'immigrés et populations des DOM qui représentent environ 5% de la population.
Les hommes descendants d’immigrés ont un taux d'activité plus faible et un taux de chômage plus important que les hommes sans ascendance migratoire, avec qui plus est des salaires moins élevés (mais moins d’écart que pour les femmes).
Il ne faut pas non plus oublier les habitants des Zones Urbaines Sensibles (ZUS) et les personnes en situation de handicap qui souffrent également fortement de cette discrimination à l’emploi.
Selon Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie : "Les discriminations freinent, voire bloquent, l'insertion sur le marché du travail d'une partie de la population en âge de travailler. Elles coûtent donc à l'économie en général et aux entreprises en particulier".
Ce rapport accablant, publié ce mardi, pointe du doigt le manque à gagner colossal que représentent les discriminations pour la collectivité.
Reste désormais à définir comment lutter contre ces discriminations afin de réduire les inégalités sociales et produire de la richesse.
4 leviers ont été identifiés afin de réduire ces discriminations :
- Meilleur accès aux postes qualifiés pour les personnes discriminées,
- Meilleur accès à l’emploi,
- Réduction des écarts en matière de durées hebdomadaires de travail,
- Réduction des écarts en matière de niveaux d’éducation (avec une convergence au niveau du Bac).
L’exemple des Etats-Unis est souvent cité où « 15 à 20% de la croissance est venue de la réduction des discriminations hommes/femmes et noirs/blancs, en près de 50 ans (1960-2008) ».
Amis employeurs… Brisons les vieux engrenages !