Il y a quelques mois, nous vous avions proposé un article portant sur la campagne de « testing » de discrimination à l’embauche lancée par le Ministère de Travail.
Pour ceux qui n’ont pas pris connaissance de cet article, vous pouvez le consulter ici : http://talent-in-sight.fr/actualites/91-cv-anonyme-l-heure-du-test.
Rappelez-vous, en avril 2016 le Ministère du Travail lançait une grande campagne de testing pour une période de trois mois, afin d’identifier si les candidats portant des noms à consonance arabe étaient victimes de discrimination à l’embauche.
Les résultats ont été publiés il y a quelques jours et, Oh ! Grande surprise, il vaut mieux s’appeler Charles ou Béatrice que Mehdi ou Fathia pour réussir à décrocher un entretien d’embauche.
Tant les discriminations sont anciennes (et notamment à cause de la consonance du nom), nous nous doutions tous plus ou moins des résultats.
Alors, concrètement, à quoi cette étude a-t-elle servie ?
Cette campagne permet avant tout de donner une valeur scientifique à cette « impression » de discrimination. Elle est d’autant plus parlante que les résultats sont accablants.
Le testing a été réalisé par le cabinet ISM Corum qui a suivi une démarche méthodologique très précise.
Ainsi, les recrutements d'une quarantaine d'entreprises de plus de 1 000 salariés ont été testés durant quatre mois. Pour ce faire, le cabinet ISM Corum répondait à de réelles offres d’emploi en proposant à chaque fois deux candidatures rigoureusement équivalentes au niveau de leurs compétences professionnelles. La seule chose qui variait était le nom : la première candidature envoyée l'était avec un nom « d'origine maghrébine » et la seconde avec un nom « d’origine hexagonale ».
Chaque entreprise (de neuf secteurs d’activité différents) a été testée entre 30 et 40 fois, de manière à disposer de résultats exploitables pour chacune d'elles. Au total, 1 500 tests ont été réalisés, soit l'envoi de 3 000 candidatures aussi bien pour des postes d'employé que de manager.
Après étude des résultats, il apparaît que les candidatures « hexagonales » ont été retenues dans 47% des cas, contre 36% pour les candidatures « maghrébines ».
Pour entrer dans le détail des résultats, toutes les entreprises testées ne sont pas coupables de discrimination à la lecture du CV, l’égalité de traitement a été le plus souvent appliquée par la majorité des 40 entreprises testées.
En revanche, les résultats de 12 d’entre elles présentent des écarts statistiquement significatifs en défaveur des candidatures « maghrébines », qui vont de 15 points (43 % des recruteurs intéressés par la candidature « hexagonale » contre 28 % pour la candidature « maghrébine ») à 35 points (75 % contre 40 %).
Ces entreprises, dont l’identité est restée anonyme, ont été discrètement conviées au Ministère du Travail afin de s’expliquer. Elles ont jusqu’à fin janvier 2017 pour mettre en place des plans d’action afin de modifier ces pratiques, plans d’action qui seront jugés par un comité d’experts.
Si vous souhaitez avoir plus de détails sur le sujet, vous pouvez vous rendre ici : http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2016-076.pdf.